Comparutions de Paul

Comparutions de Paul

LES ACTES DES APOTRES

Le Nouveau Testament commenté

Chapitre 23 ~ Versets 1 à 35

Comparutions de Paul


Traduction Louis Segond 1910

1 Paul, les regards fixés sur le sanhédrin, dit : Hommes frères, c'est en toute bonne conscience que je me suis conduit jusqu'à ce jour devant Dieu...

2 Le souverain sacrificateur Ananias ordonna à ceux qui étaient près de lui de le frapper sur la bouche.

3 Alors Paul lui dit : Dieu te frappera, muraille blanchie ! Tu es assis pour me juger selon la loi, et tu violes la loi en ordonnant qu'on me frappe !

4 Ceux qui étaient près de lui dirent : Tu insultes le souverain sacrificateur de Dieu !

5 Et Paul dit : Je ne savais pas, frères, que ce fût le souverain sacrificateur ; car il est écrit : Tu ne parleras pas mal du chef de ton peuple.

6 Paul, sachant qu'une partie de l'assemblée était composée de sadducéens et l'autre de pharisiens, s'écria dans le sanhédrin : Hommes frères, je suis pharisien, fils de pharisiens ; c'est à cause de l'espérance et de la résurrection des morts que je suis mis en jugement.

7 Quand il eut dit cela, il s'éleva une discussion entre les pharisiens et les sadducéens, et l'assemblée se divisa.

8 Car les sadducéens disent qu'il n'y a point de résurrection, et qu'il n'existe ni ange ni esprit, tandis que les pharisiens affirment les deux choses.

9 Il y eut une grande clameur, et quelques scribes du parti des pharisiens, s'étant levés, engagèrent un vif débat, et dirent : Nous ne trouvons aucun mal en cet homme ; peut-être un esprit ou un ange lui a-t-il parlé.

10 Comme la discorde allait croissant, le tribun craignant que Paul ne fût mis en pièces par ces gens, fit descendre les soldats pour l'enlever du milieu d'eux et le conduire à la forteresse.

11 La nuit suivante, le Seigneur apparut à Paul, et dit : Prends courage ; car, de même que tu as rendu témoignage de moi dans Jérusalem, il faut aussi que tu rendes témoignage dans Rome.

12 Quand le jour fut venu, les Juifs formèrent un complot, et firent des imprécations contre eux-mêmes, en disant qu'ils s'abstiendraient de manger et de boire jusqu'à ce qu'ils eussent tué Paul.

13 Ceux qui formèrent ce complot étaient plus de quarante,

14 et ils allèrent trouver les principaux sacrificateurs et les anciens, auxquels ils dirent : Nous nous sommes engagés, avec des imprécations contre nous-mêmes, à ne rien manger jusqu'à ce que nous ayons tué Paul.

15 Vous donc, maintenant, adressez-vous avec le sanhédrin au tribun, pour qu'il l'amène devant vous, comme si vous vouliez examiner sa cause plus exactement ; et nous, avant qu'il approche, nous sommes prêts à le tuer.

16 Le fils de la soeur de Paul, ayant eu connaissance du guet-apens, alla dans la forteresse en informer Paul.

17 Paul appela l'un des centeniers, et dit : Mène ce jeune homme vers le tribun, car il a quelque chose à lui rapporter.

18 Le centenier prit le jeune homme avec lui, le conduisit vers le tribun, et dit : Le prisonnier Paul m'a appelé, et il m'a prié de t'amener ce jeune homme, qui a quelque chose à te dire.

19 Le tribun, prenant le jeune homme par la main, et se retirant à l'écart, lui demanda : Qu'as-tu à m'annoncer ?

20 Il répondit : Les Juifs sont convenus de te prier d'amener Paul demain devant le sanhédrin, comme si tu devais t'enquérir de lui plus exactement.

21 Ne les écoute pas, car plus de quarante d'entre eux lui dressent un guet-apens, et se sont engagés, avec des imprécations contre eux-mêmes, à ne rien manger ni boire jusqu'à ce qu'ils l'aient tué ; maintenant ils sont prêts, et n'attendent que ton consentement.

22 Le tribun renvoya le jeune homme, après lui avoir recommandé de ne parler à personne de ce rapport qu'il lui avait fait.

23 Ensuite il appela deux des centeniers, et dit : Tenez prêts, dès la troisième heure de la nuit, deux cents soldats, soixante-dix cavaliers et deux cents archers, pour aller jusqu'à Césarée.

24 Qu'il y ait aussi des montures pour Paul, afin qu'on le mène sain et sauf au gouverneur Félix.

25 Il écrivit une lettre ainsi conçue :

26 Claude Lysias au très excellent gouverneur Félix, salut !

27 Cet homme, dont les Juifs s'étaient saisis, allait être tué par eux, lorsque je survins avec des soldats et le leur enlevai, ayant appris qu'il était Romain.

28 Voulant connaître le motif pour lequel ils l'accusaient, je l'amenai devant leur sanhédrin.

29 J'ai trouvé qu'il était accusé au sujet de questions relatives à leur loi, mais qu'il n'avait commis aucun crime qui mérite la mort ou la prison.

30 Informé que les Juifs lui dressaient des embûches, je te l'ai aussitôt envoyé, en faisant savoir à ses accusateurs qu'ils eussent à s'adresser eux-mêmes à toi. Adieu.

31 Les soldats, selon l'ordre qu'ils avaient reçu, prirent Paul, et le conduisirent pendant la nuit jusqu'à Antipatris.

32 Le lendemain, laissant les cavaliers poursuivre la route avec lui, ils retournèrent à la forteresse.

33 Arrivés à Césarée, les cavaliers remirent la lettre au gouverneur, et lui présentèrent Paul.

34 Le gouverneur, après avoir lu la lettre, demanda de quelle province était Paul. Ayant appris qu'il était de la Cilicie :

35 Je t'entendrai, dit-il, quand tes accusateurs seront venus. Et il ordonna qu'on le gardât dans le prétoire d'Hérode.

Nouvelle traduction de la Bible

1. Paul, le regard fixé sur le Sanhédrin, dit : Frères, c’est en toute bonne conscience que je me suis conduit en citoyen de Dieu jusqu'à ce jour. 

2. Le grand prêtre Ananias ordonna à ceux qui étaient près de lui de le frapper sur la bouche.

3. Alors Paul lui dit : Dieu va te frapper, muraille blanchie, toi qui es assis pour me juger selon la Loi, cette Loi que tu transgresses en ordonnant qu’on me frappe.

4. Ceux qui étaient là dirent : Tu insultes le grand prêtre de Dieu !

5. Alors Paul dit : Je ne savais pas, frères, que c'était le grand prêtre, car il est écrit : « Tu ne parleras pas mal du chef de ton peuple. » (Exode 22.27)

6. Paul savait que le Sanhédrin était composé d'une part de Sadducéens et d'autre part de Pharisiens. Il s'écria : Frères, je suis Pharisien, fils de Pharisien, et je suis jugé pour notre espérance en la résurrection des morts.

7. A ces mots, il y eut une dispute entre Pharisiens et Sadducéens et l'assemblée se divisa.

8. Car les Sadducéens disent pour leur part qu'il n'y a ni résurrection, ni anges, ni esprit. Les Pharisiens par contre reconnaissent l'un et l'autre.

9. Le tapage était grand. Certains scribes du parti des Pharisiens discutaient vivement en disant : Nous ne trouvons rien de mal en cet homme. Un esprit ou un ange a pu lui parler ?

10. La division s'accentuait. Le chef de la cohorte, craignant qu'ils mettent Paul en pièces, ordonna à la troupe de descendre pour l'enlever du milieu d'eux et le conduire à la forteresse.

11. La nuit suivante, le Seigneur se manifesta à lui et dit : Courage ! Car ce dont tu as témoigné à mon sujet à Jérusalem, tu dois de même en témoigner à Rome.

12. Le jour venu, les Juifs complotèrent en s'engageant par serment à ne rien manger ni boire avant d'avoir tué Paul.

13. Ils étaient plus de quarante à fomenter cette conjuration.

14. Ils allèrent trouver les grands prêtres et les anciens en disant : Nous nous sommes engagés par serment à ne rien absorber avant d'avoir tué Paul.

15. Dès maintenant, allez dire avec le Sanhédrin au chef de la cohorte qu'il vous l'amène pour examiner soigneusement les faits qui le concernent. Quant à nous, nous nous tiendrons prêts à le supprimer avant son arrivée.

16. Le fils de la sœur de Paul eut connaisance de ce guet-apens. Il se rendit à la forteresse et y entra pour prévenir Paul.

17. Paul appela un des centurions et dit : Conduis ce jeune homme au chef de la cohorte, car il a quelque chose à lui communiquer.

18. Il le prit donc pour l'emmener au chef de la cohorte et dit : Le prisonnier Paul m'a appelé et demandé de t'amener ce jeune homme qui a quelque chose à te dire.

19. Le chef de la cohorte le prit par la main pour le conduire à l'écart. Il demanda : Qu'as-tu à me communiquer ?

20. Il répondit : Les Juifs ont décidé de te demander de conduire Paul demain au Sanhédrin afin de s'informer plus précisément à son sujet.

21. Mais toi, ne te laisse pas convaincre. Car plus de quarante hommes ont préparé un guet-apens contre lui. Ils se sont engagés par serment à ne rien manger ni boire avant de l'avoir supprimé. Et là, ils sont prêts, dans l'attente de ta décision.

22. Alors le chef de la cohorte congédia le jeune homme en lui recommandant : Ne révèle à personne ce que tu viens de porter à ma connaissance.

23. Il appela deux des centurions et dit : Tenez deux cents soldats prêts à partir pour Césarée, soixante-dix cavaliers et deux cents gardes, dès la troisième heure de la nuit.

24. Préparez des montures pour transporter Paul et le conduire sain et sauf au gouverneur Félix.

25. Il écrivit une lettre ainsi rédigée :

26. Claudius Lysias à son excellence, le gouverneur Félix, salutations !

27. Cet homme a été capturé par les Juifs qui voulaient le supprimer quand je suis intervenu avec la troupe. Je l'ai délivré en apprenant qu'il était romain.

28. Comme je voulais connaître le motif pour lequel ils l’accusaient, je l’ai amené devant leur Sanhédrin.

29. J’ai découvert qu’il était accusé pour des questions relatives à leur loi. Il n'y a rien qui mérite la mort ou d'être enchaîné.

30. Après avoir été informé d'un complot fomenté contre cet homme, je te l’ai aussitôt envoyé. J'ai aussi informé ses accusateurs qu’ils auraient à plaider contre lui devant toi.

31. Suivant l'ordre qu'ils avaient reçu, les soldats prirent Paul et l'emmenèrent de nuit à Antipatris.

32. Le lendemain, ils laissèrent les cavaliers partir avec lui et retournèrent à la forteresse.

33. Ceux-ci, arrivés à Césarée, remirent la lettre au gouverneur et lui présentèrent aussi Paul.

34. Après l'avoir lue, il lui demanda de quelle province il était. Il apprit qu'il venait de Cilicie.

35. Je t'entendrai, dit-il, quand tes accusateurs seront présents. Il ordonna qu'on le garde dans le prétoire d'Hérode.

Allez jusqu'au bout de l'Evangile !

Commentaires et annotations

23.1 à 23.11 : Paul devant le Sanhédrin
Paul a tenu des propos incorrects à l'égard du grand prêtre et il s'en repent.

Frappé sans raison sur la bouche, Paul s'est laissé aller à tenir des propos qu'il n'a pu contrôler.

Réaction impulsive probablement sous le coup de la douleur ... réaction tellement humaine.

Paul a enseigné par ailleurs dans ses épîtres qu'il faut avoir une attitude de respect envers les autorités.

Ceci constitue un principe qu'il faut approfondir pour mieux le comprendre. Il est écrit :

« Que chaque individu soit soumis aux autorités supérieures. Car il n'est d'autorité qui ne vienne de Dieu, celles qui existent sont établies par Dieu. » (Romains 13.1)

Ce principe qui relie le respect des autorités à celui envers Dieu trouve sa source dans le Premier (Ancien) Testament.

« Tu ne maudiras point Dieu, et tu ne maudiras point le prince de ton peuple. » (Exode 22.28)

N'oublions pas que c'est la mise en cause de l'autorité de Dieu qui fut la cause de la chute de l'humanité. (Genèse 3.1)

Lorsque des paroles nous échappent à l'encontre d'un quelconque individu investi d'une autorité, nous n'avons probablement pas le sentiment d'offenser Dieu.

Cette personne mérite peut-être tout le mal que nous en pensons ... mais laissons le soin à Dieu de juger en son temps car « les méchants ne résistent pas au jour du jugement. » (Psaume 1.5)

Non seulement, il ne nous incombe pas de juger ... et encore moins de condamner ... mais nous risquons de nous enfermer dans un processus de contestation permanente qui est le fruit de la chair, le fruit de l'adversaire.

Indépendamment de la question du respect des autorités, ceci ne nous autorise pas pour autant à parler mal à qui que ce soit ou de qui que ce soit.

Dans tous les domaines, apprenons à maîtriser notre langue ...

« Toutes espèces de bêtes sauvages, d’oiseaux, de reptiles et d’animaux marins, sont domptés et ont été domptés par l'espèce humaine. Mais la langue, aucun homme ne peut la dompter. Ce fléau insaisissable est plein d’un venin mortel.

Par elle nous bénissons le Seigneur et Père, et par elle nous maudissons les hommes faits à l’image de Dieu. De la même bouche sortent bénédiction et malédiction. Il ne faut pas, mes frères, qu’il en soit ainsi. » (Epître de Jacques 3.7-10)

23.12 à 23.22 : Le complot contre Paul
L'hostilité envers Paul conduit une quarantaine d'hommes à s'engager résolument à l'éliminer.

Une telle résolution peut surprendre au regard de ce qui lui est reproché.

Mais il faut se replacer dans le contexte juridico-politique pour comprendre les enjeux.

L'Etat juif, bien que sous domination romaine, conservait une structure intimement liée à l'observation des règles du droit religieux.

Mettre en péril l'édifice religeux, c'était menacer l'équilibre des autorités en place.

De tels comportements se retrouvent encore de nos jours dans les états où la loi coranique règne sans partage.

Dans nos démocraties, la mise à l'écart des "contestataires" est plus discrète. On ne procède plus à une élimination physique.

Mais certains n'hésitent pas à abuser de la calomnie pour déstabiliser un opposant en utilisant notamment les réseaux sociaux.

23.23 à 23.35 : Transfert de Paul à Césarée
Paul a été emprisonné sous la pression des Juifs religieux et devra comparaître devant le gouverneur romain : Félix.

Les autorités romaines sont aussi perplexes à son égard que Ponce Pilate envers Jésus.

« Pilate Lui dit : Qu’est-ce que la vérité ?

Après avoir dit cela, il sortit de nouveau pour dire aux Juifs : Je ne trouve aucune faute en lui. » (Jean 18.38)

Les Romains prennent en compte les accusations des Juifs fondées sur la loi religieuse mais ne comprennent pas en quoi celle-ci pourrait justifier la mort.

Cette loi constituait pour les Israélites une vérité immuable ... mais au-delà du peuple d'Israël, rares étaient ceux qui la comprenaient.

Avait-elle d'ailleurs pour vocation d'être comprise et acceptée par tous ?

L'accomplissement de la loi par la foi, consécutivement aux révélations de Jésus Christ, a donné à la loi du Premier (Ancien) Testament une toute autre dimension : celle d'une révélation progressive.

Jésus nous a montré le chemin de la vérité absolue afin que nous ne puissions pas dire en nous fondant sur la foi : "Vérité en deçà ... erreur au-delà."

Mais cette foi ne nous autorise pas pour autant à éliminer ceux qui ne l'entendent pas ainsi !

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